Trail du Verdon 14 juin 2013

Trail du Verdon 14 juin 2013

Récit de Vincent Déprez :
« Levé minuit et quart. Nuit très courte, mais j’ai réussi à dormir 3 h. Le petit dèj est servi sur le lieu de départ à 1 h 30. Ensuite nous patientons une bonne heure avant le pointage sur la ligne de départ.

3 h du mat : c’est parti.

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Une longue colonne de lampes frontales serpente dans la montagne pour 5 km de montée.

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Au bout d’une demi-heure, premier problème, mon pied a dû s’accrocher sur la pointe d’une branche : chaussure trouée sur le côté ! 6 mois d’entrainement pour rien. Non ce n’est pas possible ! Je continue, on verra bien. Si ça ne s’agrandit pas, mais j’en doute fortement, ce ne sera pas un problème.

5 h 20 : premier ravitaillement. Je suis avec Pascal. On fera toute la course ensemble. C’est idéal. Une petite pause de 5 mn et on repart. Là : grosse erreur, on se dirige sans le savoir vers le ravitaillement N°3 au lieu du 2. Bizarre on ne voit personne…Le paysage est merveilleux, comment ne pas prendre quelques photos… Les premiers finissent par nous dépasser. Comme ils vont très vite, Pascal se dit que quelque chose ne va pas. Il demande et réalise qu’on a raté le ravitaillement N°2. Il faut faire demi-tour. C’est une catastrophe, nous évaluons la perte de temps à 2 heures minimum. C’est trop important en ce début de course pour espérer finir dans les temps ! Le moral est au plus bas, d’autant que nous croisons les copains qui eux bien sûr, sont dans le bon sens. Dans la panique je heurte une pierre : et hop !  un trou sur la seconde chaussure ! Génial. Tout va bien Vincent. Tes chaussures sont bonnes pour la poubelle et t’es le seul blaireau à te planter de direction dès le premier ravito. Qu’est ce que je vais raconter à mes enfants ? Papa il était pieds nus au bout de 20 km, pi en plus, il s’était trompé de chemin… C’est pas de chance…

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7 h 30 : On pointe enfin au ravitaillement N° 2. Les organisateurs acceptent de nous valider l’aller retour comme temps de course. En plu,s on retrouve Nico, Fred et Bertrand. Si j’arrête de bousiller mes chaussures toutes les 5 minutes, je peux à nouveau y croire.
La journée se déroule. Nous restons groupir, à 5. Fred souffre, mais tient. Nico commence à baisser de régime à cause d’un genou douloureux. Bertrand fait une mauvaise chute, pousse déboité…

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17 h : ravitaillement N° 5. Nous arrivons enfin à la mi-course. Je suis épuisé, il fait très chaud, je n’ai plus d’eau. Nous avons mis 5 h pour faire les 14 derniers km (2,8 km/h)
–    Pascal, je ne vois pas comment je peux repartir pour faire les 50 autres km !
–    Mais tu rigoles, on a plus de 5 h d’avance sur la limite horaire. On n’est pas blessé, aucun problème de digestion ! Alors au nom de quoi tu t’arrêterais ? Avec un bon massage, des vêtements secs et une bonne pause, on ne peut que réussir. Et puis le soleil va se coucher, on ne va plus souffrir de la chaleur.
Il m’épate. Même ce matin, quand il a fallu revenir sur nos pas, il considérait que rien n’était perdu ! Nous avons le droit à une séance de massage. Le simple fait de s’allonger 10 mn est un soulagement indescriptible. Alors avec une kiné à chaque jambe…
On repart 1 h plus tard, sereins. Nous ne sommes plus qu’à deux. Je n’y crois pas vraiment, mais je ne sens bien. Et puis, si je vais au-delà des 65 km, j’aurai toujours la satisfaction d’avoir battu mon record. Plus le soleil décline, plus le moral s’améliore. Je ne peux plus courir, mais je marche sans difficulté.
La nuit tombe, on se change, on ressort les frontales. Le silence est total.
Je passe devant. Pascal me suit. Dans une descente très raide, disons plutôt un mur, il tombe 2 fois. La seconde fois est une sérieuse alerte. Mais ça va, il repart. Je réalise que si l’un de nous deux se blesse, à moins d’être très proche d’un ravitaillement, c’est fini pour l’autre. Impensable de laisser un copain blessé, attendre seul les secours. Nous ralentissons encore l’allure, il faut assurer les appuis, ne prendre aucun risque.
On commence à calculer ce qu’il nous reste à faire : environ 30 km et 2 ravitos, peut-être environ 10 h. Ras le bol. C’est le mental qui prend toute sa dimension…Je pense que ceux qui font ces distances, le font pour ces moments là, quand la limite est atteinte, pour voir ce qu’il y a au-delà…

verdon2013-059Le jour revient.
Nous ne nous parlons plus, on avance toujours au même rythme. Pascal est repassé devant. Il s’arrêtera régulièrement pour m’attendre, mais nous conservons une allure honorable.
7 h 20 : dernier ravitaillement. Notre avance sur la limite horaire à fondue, mais il nous en reste toujours suffisamment pour finir tranquillement. On ne cherche qu’à franchir la ligne d’arrivée, pas un temps. Alors cool. Plus que 10 km, soit 4 h. 5 km de montée et 5 de descente. J’aurais préféré 10 km de toboggan, mais y a pas… Sauf accident, on ne peut plus échouer.
Ces 4 dernières heures sont interminables. Le soleil tape à nouveau. Patience, patience…On commence à penser à la douche, à notre lit…

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12 h 15 : c’est fini, les nerfs lâchent. Je suis le roi du pétrole. C’est moi le champion du monde… Bon je verrai ensuite que je suis dans les 5 derniers… Certes, certes… mais eeeuuuuuh… n’empêche, suis quand même le roi du pétrole, non ? Ha ! Bon…
Résultat sur 217 participants : 140eme sur 143 arrivants en 33 h et 20 mn.

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